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D'origine russes,
de confession juive, les Grothendieck, installés à Berlin, fuient l'Allemagne nazie (1941) pour le sud de la France.
Malgré cet exil, la famille sera arrêtée par les allemands et internée près de
Mende (Lozère). Grothendieck père fut déporté à Auschwitz où il mourra en 1942.
Alexander fit ses études mathématiques à Montpellier qu'il complètera auprès de Jean Dieudonné à Nancy et de Laurent Schwartz à Paris sous la houlette duquel il soutiendra sa thèse Produits tensoriels topologiques et espaces nucléaires (1951).
Grothendieck rejoignit le groupe Bourbaki dès 1949 et sera le premier professeur permanent, avec Jean Dieudonné (1959), du très renommé Institut des Hautes Études Scientifiques de Bures-sur-Yvette (près d'Orsay, créé en 1958) qu'il quittera en 1970 pour des raisons personnelles liées au financement par des fonds en partie militaires dudit institut.
Antimilitarisme militant, Grothendieck fonda cette année là, avec Chevalley et Samuel, l'association et la revue du même nom Survivre et vivre, visant à « lutter pour la survie de l'espèce humaine menacée par le déséquilibre écologique croissant et par les conflits militaires dus à la prolifération des appareils militaires » (» réf.10).
On
voit là que Grothendieck ne fut pas un visionnaire dans le seul monde
mathématique...
Grothendieck ne prit la nationalité française qu'en 1971. De 1973 à 1988, il enseigna à l'université de Montpellier. Depuis 1991, Grothendieck s'était isolé dans les Pyrénées où il refusait toute communication. Il aurait même (source Nouvel Observateur, juin 2010) demandé le retrait de ses travaux tant en librairie qu'en bibliothèque en lançant un anathème ("honte et mépris") à ceux qui refuseraient cette demande... Dur !
Les travaux de Grothendieck portèrent principalement sur :
la géométrie algébrique dont il entreprend une refondation avec Jean-Pierre Serre, visant à unifier la géométrie algébrique et l'algèbre commutative. Il est à l'origine de la théorie des schémas qu'il publie au sein de ses Éléments de Géométrie Algébrique (» réf.3&4) et qu'il développera avec Michel Demazure (1937-) qui fut un de ses "élèves".
la théorie des catégories, la topologie algébrique et l'algèbre homologique, la théorie algébrique des nombres (en collaboration avec Jean Dieudonné).
i
Michel Demazure (1937-) est un
spécialiste de la géométrie algébrique. Ancien élève de l'ENS, il fut un
étudiant de Grothendieck qui dirigea sa thèse
soutenue en 1964 à Paris, intitulée Schémas en groupes réductifs (»
réf.15, voir aussi réf.4). Nommé
alors à Strasbourg (maître de conférences), un poste de professeur lui est
confié en la récente faculté des sciences d'Orsay de 1966 à 1976, année où il
est nommé à l'École polytechnique, poste qu'il conservera jusqu'à sa retraite en
1999. Il fut durant vingt années un des membres du groupe
Bourbaki. Demazure dirigea le Palais de la
Découverte (1991-1998) ainsi que la Cité des Sciences et de l'Industrie
(1998-2002). On trouvera sur le site
Numdam de
nombreux articles numérisés de ce mathématicien.
Source bio : Wikipédia
/ fr-academic.com |
»
Module de Demazure.
Une K-théorie envahissante... : |
En 1957, dans sa preuve du théorème de Riemann-Roch généralisé (1957, » réf.13a & 13b), Grothendieck est aussi à l'origine, avec Michael Atiyah, de la K-théorie, nouvelle branche de la géométrie algébrique, en introduisant un groupe d'un type nouveau qu'il note K(X) lorsque X désigne une variété algébrique dont les éléments s'interprètent comme des classes de fibrés vectoriels sur X. D'où le K dans K-théorie eu égard à Klassen = classes en allemand, la langue maternelle de Grothendieck (» réf.7).
Dans les années suivantes, la K-théorie sera développée comme un nouvel outil de la topologie algébrique par Michael Atiyah et l'allemand Friedrich Hirzebruch. Elle a aujourd'hui envahi toutes les branches des mathématiques contemporaines dont la topologie différentielle et la théorie des nombres tout en s'immisçant en sciences physiques dans la théorie quantique des champs.
➔ Il serait vain, voire prétentieux, de tenter d'ébaucher ici tout développement de la K-théorie qui nécessite de nombreux prérequis et de solides connaissances en algèbre homologique, espaces fibrés, théorie des faisceaux, théorie des catégories, cohomologie, ... d'autant que l'auteur de ces lignes n'est en rien spécialiste de ce difficile sujet malgré une AEA en la matière, à Orsay dans les années 1960... Il faut laisser la place aux spécialistes : on pourra consulter l'article de Max Karoubi, L'influence d'Akexandre Grothendieck en K-théorie (niveau 3ème cycle » réf.7) et le cours de Valentin Poenaru (1968, » réf.8).
Grothendieck reçut la médaille Fields en 1966 avec Paul J. Cohen (U.S.A), Stephen Smale (U.S.A) et Michael Atiyah (Grande-Bretagne). Il fut également récipiendaire du prix Picard 1977 de l'Académie des sciences de Paris et du prix Crafoord 1988 de l'Académie des sciences de Suède (avec Deligne qui fut un de ses étudiants) qu'il refusa avec le demi-million de dollars, montant du prix... Il s'en expliqua dans un article paru dans Le Monde le 4 mai 1988.
Ces refus de prix, comme ceux du russe
Perelman, pourront irriter ceux qui pensent
que de telles sommes non négligeables auraient pu être acceptées
en les reversant à
des associations caritatives. Et je pense que ceux-là ont bien raison.
Quoi qu'il en soit, son héritage mathématique est immense. Avant de se retirer dans les Pyrénées, il légua à un de ses étudiants, Jean Malgoire, environ 20 000 pages manuscrites (» réf.11) que ce dernier transmit à l'université de Montpellier 2 qui les conserve en attendant la décision des héritiers de les faire connaître ou non (Grothendieck eut cinq enfants, dont un, mathématicien installé aux USA, les quatre autres vivant comme leur père en retrait de la société).
» Samuel , Poenaru , Serre , Godement Les médailles Fields : »
➔ Pour en savoir plus :
Alexandre Grothendieck, sur les traces du dernier géant des mathématiques, par Philippe Douroux, ancien rédacteur en chef de Libération.
a/ Alexandre Grothendieck, un voyage à la poursuite des
choses évidentes
sur le site Images des mathématiques du CNRS :
http://images.math.cnrs.fr/Alexandre-Grothendieck.html
b/ Alexandre Grothendieck, le génie inconnu des mathématiques, par
Philippe Douroux (journal Libération, oct. 2011) :
http://images.math.cnrs.fr/IMG/pdf/grothendieck_gq.pdf
a) Éléments de géométrie algébrique : I - le langage des
schémas, par A. Grothendieck sur Numdam (1960) :
http://archive.numdam.org/article/PMIHES_1960__4__5_0.pdf
b) Éléments de géométrie algébrique : II - Étude de
quelques classes de morphismes sur Numdam (1961) :
http://archive.numdam.org/article/PMIHES_1961__8__5_0.pdf
c) Grothendieck et la théorie des schémas, par
Michel Raynaud :
https://www-fourier.univ-grenoble-alpes.fr/~lefourns/contenu/Reflexions_mathematiques/Raynaudgeoalg.pdf
Schémas en groupes, par Michel Demazure et Alexandre
Grothendieck :
I -
http://cm2vivi2002.free.fr/AG-biblio/AG-99.pdf
II -
https://matematicas.unex.es/~navarro/res/sga/SGA 3 (1962 - 64) – Schémas en
Groupes II.pdf
Introduction à la géométrie algébrique, par
Olivier Debarre
(univ. Paris) :
http://www.math.ens.fr/~debarre/DEA99.pdf
Il
a tué l'analyse fonctionnelle, vidéo YouTube de Pierre Cartier à propos de Grothendieck citant cette assertion de
Dieudonné en 1950 :
https://www.youtube.com/watch?v=Lm77dq0kXGc
L'influence d'Alexandre Grothendieck en K-théorie,
par Max Karoubi, professeur émérite Paris-Diderot :
a/
http://webusers.imj-prg.fr/~max.karoubi/Publications/83.pdf
b/
Autres pages du même auteur sur la K-théorie algébrique :
http://webusers.imj-prg.fr/~max.karoubi/K-theorie.algebrique.html
Cours élémentaire de K-théorie (avec une
introduction aux fibrés vectoriels), par Valentin Poénaru (Orsay; 1968) :
http://sites.mathdoc.fr/PMO/PDF/P_POENARU-119.pdf
Des publications de Grothendieck numérisées sur le site Numdam :
http://www.numdam.org/search/Grothendieck Alexander-a
Grothendieck et ses prises de position militantes sur le site
lacitoyennete.com
à l'adresse :
http://lacitoyennete.com/magazine/retro/grothendiecka.php.
On pourra aussi consulter l'article du mathématicien Mauricio D. Garay sur le site les-Mathemaques.net.
Le trésor oublié du génie des maths, article de
Philippe Douroux (journal Libération.fr, juillet 2012) :
http://www.liberation.fr/sciences/2012/07/01/le-tresor-oublie-du-genie-des-maths_830399
Théorème de Riemann-Roch :
a/ Introduction au théorème de Riemann-Roch, par
Benoît Charbonneau :
http://www.math.uwaterloo.ca/~bcharbon/Textes/MemoireBenoitCharbonneau.pdf
b/ Le théorème de Riemann-Roch généralisé exposé par Armand Borel & Jean-Pierre
Serre (Bulletin de la SMF, 1958) :
http://archive.numdam.org/article/BSMF_1958__86__97_0.pdf
Sur quelques points d'algèbre homologique, par A.
Grothendieck sur le site du projet Euclide :
http://projecteuclid.org/euclid.tmj/1178244839
La thèse de Michel Demazure sur Numdam : http://www.numdam.org/item/10.24033/bsmf.1629.pdf