ChronoMath, une chronologie des MATHÉMATIQUES
à l'usage des professeurs de mathématiques, des étudiants et des élèves des lycées & collèges

Interpolation polynomiale selon Lagrange, régression       
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En exemple : cas de la fonction sinus

Interpolation polynomiale :   

Soit f une fonction numérique. Interpoler f par un polynôme sur un intervalle [a,b], c'est choisir une subdivision, non nécessairement régulière :

a = xo < x1 < x2 < ... < xn = b

et rechercher un polynôme P de degré n, dit polynôme d'interpolation, qui coïncide avec f en chaque point xi.

   On parle d'interpolation linéaire lorsque le polynôme est de degré 1 : l'arc de courbe est remplacé par un segment.


Dans le cas de l'interpolation linéaire, on remplace l'arc de courbe (MaMb) par le segment [MaMb].
Écrire y = P(x) en fonction de xo = a et x1 = b.

   
 

Plus généralement :    

La fonction f étant seulement connue par un ensemble fini de points (nuage), Mi(xi , yi) , yi = f(xi) , a = xo, b = xn, interpoler f sur l'intervalle [a,b] par une fonction g de type donné (polynomial, logarithmique, exponentielle, trigonométrique, ...) consistera à calculer les paramètres de g afin d'approcher au mieux les valeurs connues des yi = f(xi).

   Le cas se rencontre couramment en statistique. Au lieu d'interpolation, on utilise plus volontiers le terme statistique de régression, du latin regressio = retour, pour exprimer l'idée d'un retour à la source (le principe au sens logique) du nuage observé (qui en est la conséquence).

Une méthode de régression très utilisée est la méthode des moindres carrés :  »

Historiquement, on a cherché à développer la fonction à approcher au moyen de polynômes jouissant de propriétés remarquables au sein d'espaces vectoriels euclidiens (espaces de Hilbert, espaces de Banach) :

»  Polynômes de Legendre , de Tchebychev , de Hermite , de Laguerre

et l'on démontre que, eu égard à la norme utilisée, le choix de zéros xi équirépartis pour des polynômes évoqués ci-dessus conduisent à la meilleure interpolation sur l'intervalle considéré. Dans le cas polynomial, Lagrange a proposé le polynôme suivant dit polynôme d'interpolation de Lagrange qu'utilisèrent auparavant Newton et Cotes (son élève) pour l'intégration approchée :

         

On vérifie que l'on a bien Pn(xi) = f(xi). P est donc une approximation polynomiale de f. Mais de gros écarts peuvent être constatés. La fonction f doit donc être assez régulière sur l'intervalle considéré.

Dans le cas de l'interpolation linéaire, nous retrouvons le résultat proposé en exercice ci-dessus :

Méthode de Newton-Cotes pour l'intégration numérique :  »          Méthode de Simpson, dite des 3/8 :  »

Outre la méthode des moindres carrés, des méthodes de régression plus subtiles permettent d'améliorer l'approximation afin de minimiser pour une distance bien choisie la différence entre f et Pn : on entre dans de subtils problèmes d'analyse fonctionnelle non développés dans cette chronologie. Les plus connues sont celles de Newton, de Gauss, de Bessel et l'approximation uniforme de Stone-Weierstrass.

Interpolation de la fonction sinus par la méthode de Lagrange :

A titre d'illustration simple de l'interpolation polynomiale de Lagrange, nous allons interpoler la fonction sinus sur l'intervalle [0,π] en utilisant tout d'abord trois points équidistants xo = 0, x1 = π/2, x2 = π. On a donc ici f(x) = sin x, n = 2 et :

 
 
 x 
 0 
 π/2 
 π 
 f(x) 
0
1
0

Dans ce cas très simple, les termes de rang 0 et 2 sont nuls. Reste à calculer le seul terme de rang 1 :

Ci-dessous, en rose épais, la fonction sinus et en bleu l'approximation P2 de Lagrange. Pas mal...



y = sin x en
rose et y = P2(x) en bleu

Affinons en ajoutant le point d'abscisse π/6 car c'est au voisinage de ce point que l'écart semble le plus grand :

x
0
π/6
π/2
π
f(x)
0
1/2
1
0


Ce qui fournit :

 



y = sin x en rose et y = P3(x) en bleu :
On constate une amélioration sensible sur [0,π/2] mais on a cassé la symétrie et aggravé l'erreur sur [π/2,π]


Et si le cœur vous en dit, rajoutez le point d'abscisse 5π/6 mais la méthode d'interpolation de Lagrange a un gros défaut : si on ajoute un point, il faut tout recalculer pour passer de Pn à Pn+1. Celle de Newton conserve les coefficients du polynôme Pn car le système calculant les coefficients est triangulaire.

Connaissant le développement en série de sin x : sin x = x - x3/3! + x5/5! - x7/7! + ... on obtient des approximations plus simples et plus précises :


ordre 3 : y = sin x en rose et y = x - x3/6 en bleu


ordre 5 : y = sin x en rose et y = x - x3/6 + x5/120 en bleu


ordre 7 : y = sin x en rose et y = x - x3/6 + x5/120 - x7/5040 en bleu


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