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Vous sonnez au domicile d'une famille de deux enfants. La
porte s'ouvre. Un des enfants, un garçon, vous salue.
Quelle est la probabilité que l'autre enfant soit une fille ?
Pour éviter tout débat à s'arracher les cheveux concernant d'éventuels jumeaux, nous dirons que nos deux bambins sont nés séparément à au moins 9 mois l'un de l'autre... De plus, il est supposé tant l'indépendance des sexes d'une naissance à l'autre que leur équiprobabilité. Cette dernière propriété étant d'ailleurs fausse : |
Si vous séchez après avoir bien cherché (calcul théorique et programmation) : ››››
Solution : |
La réponse n'est pas 1/2 ! Quatre cas ont pu se produire dans cette famille : une fille (F) puis un garçon (G) : FG, ou bien GF, ou bien FF ou bien GG. Si un garçon vous a ouvert, alors il n'y a plus que 3 cas possibles de même probabilité : FG, GG et GF et deux cas favorables : FG et GF. La probabilité cherchée est donc 2/3.
➔ Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, d'autant que certains diront qu'il n'y a pas lieu de distinguer FG et GF. Soit, mais dans ce cas, il n'y a plus équiprobabilité des éventualités et le raisonnement élémentaire ci-dessus ("cas favorables"/"cas possibles") ne tient plus.
On regroupe alors nos éventualités comme indiqué sur l'arbre ci-dessous :
On utilise maintenant la formule des probabilités composées de De Moivre (probabilités conditionnelles). On a :
➔ Dans cet exercice, on voit qu'il ne faut pas confondre l'indépendance des éventualités qui nous permet de construire Ω et celle des événements que l'on peut définir dans cet univers. L'apport d'une information supplémentaire sur la composition de la famille nous montre la différence pouvant exister entre des probabilités calculées à priori et a posteriori.
On aurait pu bien sûr s'intéresser à la probabilité que le second enfant soit encore un garçon, on ne s'étonnera pas de trouver 1/3.
Enfin, si vous remplacez l'énoncé par : Vous sonnez au domicile d'une famille de deux enfants. La porte s'ouvre. La mère vous salue accompagné de son fils en disant « je vous présente mon aîné », alors la cause est entendue, la probabilité que l'autre enfant soit une fille est 1/2 : connaissant cette information, de façon élémentaire il n' y a plus que 1 cas "favorable" (GF) sur 2 cas "possibles" (GF,GG).
De façon plus abstraite, il nous faut ici distinguer de nouveau entre GF et FG : équiprobabilité a priori des 4 éventualités, et si l'événement Eag = « l'aîné est un garçon » conditionne notre univers, nous cherchons :
Pr(Ef/Eag) = Pr(Ef et Eag)/Pr(Eag) = Pr({GF})/Pr({GF,GG}) = (1/4)/(1/2) = 1/2
mais c'est franchement faire trop compliqué pour un si petit exo...
Solution informatique... : |
Pour les amateurs de programmation et de simulation, voici maintenant une façon pragmatique de voir les choses :
Afin de vérifier notre probabilité théorique de 2/3, on peut simuler le problème comme suit :
on tire au hasard un nombre x compris entre 0 et 1;
si x < 0,75, un garçon vous a ouvert la
porte : il y a au moins un garçon (et 3 chances sur 4 qu'il en soit
ainsi).
• on
incrémente un compteur p;
• on tire
alors au hasard un nombre y compris entre 0 et 1;
• si y <
1/2, on dit que l'autre enfant est une fille (il y a 1 chance sur 2 qu'il en
soit ainsi) et on incrémente un compteur f;
Si l'on répète cette expérience un grand nombre N de fois (10 000 par défaut), selon la loi faible des grands nombres le rapport f/p tend vers la probabilité théorique (le fait de diviser par p indique que l'on se place dans l'univers conditionné par la présence d'au moins 1 garçon).
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LANGUAGE=JavaScript> |
! Si vous vous attachez à la probabilité que le second enfant soit encore un garçon, le programme est le même ! mais alors cette probabilité est aussi 2/3 et on a dit plus haut que c'est 1/3 (événement contraire) ! Contradiction ? Non, car vu sous cet angle, il faudra diviser la probabilité finale par 2 (= factorielle 2) car le garçon que vous présumez exister en second n'est pas celui qui vous a ouvert la porte et il ne s'agit pas de le comptabiliser deux fois.